Exploitation de réfugiés ukrainiens: les services d’inspection, dont ceux de l’ONSS, renforcent leur vigilance
Avec l’arrivée en Belgique d’un nombre sans cesse croissant de réfugiés ukrainiens, plusieurs organisations en Belgique et à l’étranger signalent les premiers cas d’exploitation sexuelle et économique.
Dans une boucherie anversoise, des inspecteurs sociaux ont rencontré trois femmes ukrainiennes qui travaillaient pour un salaire horaire de 7 euros. Des hommes vivant seuls déclarent spontanément qu’ils sont prêts à accueillir des « femmes ukrainiennes belles et à l’apparence soignée ».
À l’ONSS comme ailleurs, les services d’inspection sont très attentifs à cette problématique.
« Les inspecteurs sociaux ont un rôle crucial à jouer », déclare Peter Van Hauwermeiren, de la direction de la traite des êtres humains de l'ONSS. « Pour un travailleur ukrainien exploité, une visite d’un inspecteur social est parfois la seule possibilité de demander de l’aide. Dans de telles situations d’exploitation économique, un simple coup de téléphone peut faire toute la différence. »
Groupes vulnérables
Pendant leur exil, les Ukrainiens qui tentent de rejoindre notre pays, principalement des femmes et des enfants, sont extrêmement vulnérables. Ils risquent d’être abordés aussi bien par des individus isolés que par des organisations criminelles actives dans la traite d’êtres humains, qui se livrent à des pratiques telles que l’exploitation sexuelle et économique et l’adoption illégale.
Les profils les plus vulnérables sont les mineurs non accompagnés et les femmes seules. Nombre de femmes ukrainiennes risquent de tomber dans la prostitution. Les victimes potentielles peuvent être approchées à la frontière avec l'Ukraine, sur leur itinéraire de fuite ou pendant leur trajet en train, près des centres d'enregistrement, via les réseaux sociaux ou d’autres manières encore.
Le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a créé une taskforce au service des réfugiés ukrainiens, avec pour mission première de les sensibiliser aux dangers de la traite des êtres humains. Un message en ce sens est ainsi diffusé sur Facebook et Telegram, ainsi que sur des groupes WhatsApp.
Quels signaux ?
Inévitablement, le nombre de ressortissants ukrainiens rencontrés sur le terrain par les services d’inspection ne va faire qu’augmenter. Dans ce contexte, nos inspecteurs et ceux d’autres services d’inspection sociale se doivent d’accorder une attention particulière aux indicateurs d'exploitation potentielle.
- Les travailleurs ukrainiens rencontrés sont-ils en possession de titres de séjour ?
- Sont-ils enregistrés correctement auprès de la commune et/ou sont-ils enregistrés correctement?
- Sont-ils payés selon les normes salariales belges (le salaire minimum en Ukraine est inférieur à 200 euros) ?
- Ont-ils signé un contrat de travail ?
- Quel est leur temps de travail ?
- Ont-ils dû payer pour leur voyage jusqu’en Belgique ?
- Vivent-ils dans l’isolement ou peuvent-ils entretenir des contacts avec le monde extérieur ? Comment et chez qui sont-ils logés ?
« Nos inspecteurs sociaux savent parfaitement ce qui est acceptable ou non en termes de conditions de travail », explique Peter Van Hauwermeiren. « Ils sont très bien placés, dès lors, pour intervenir dans les situations d’exploitation. »
Que font les services d’inspection en présence d’indices d’exploitation ?
S’il y a des indices d’exploitation, les inspecteurs sociaux suivent la procédure légale prévue pour les victimes potentielles de traite des êtres humains :
- informer la victime potentielle sur la procédureen utilisant la brochure multilingue pour les victimes de traite des êtres humains ;
- contacter un centre d'accueil spécialisé reconnu (24/7) ;
- contacter l’auditeur du travail.
Les inspecteurs sociaux doivent également communiquer leurs constatations à la Police judiciaire fédérale, qui assurera la coordination et l’échange d’informations au niveau (inter)national et développera une vision stratégique du phénomène.
Pour en savoir plus
Téléchargez la brochure avec la communication à l’attention des réfugiés ukrainiens (en ukrainien, russe et anglais).
Les personnes confrontées à une situation d’exploitation peuvent contacter les organisations suivantes, spécialisées dans l’aide aux victimes de traite des êtres humains : Pag-Asa ou Payoke en Flandre, Sürya en Wallonie.
Les personnes directement menacées sont invitées à contacter la police au numéro 101.